samedi 13 mai 2017

GEHENNE

DANS LA TÊTE D'UN TERRORISTE
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Il y a 3 ans Ismaël SAIDI créait la surprise avec DJIHAD, Le spectacle. Deuxième volet d'un triptyque sur la radicalisation GEHENNE s'installe au Palais des Glaces. Confronté à un prêtre et à une mère juive, comment le terroriste Ismaël va-t-il réagir à l'aube de son procès ? Un deuxième volet en dessous du premier, en attendant le troisième.

DE LA CULPABILITÉ DU TUEUR

A la fin de DJIHAD le spectacle nous avons laissé Ismaël alors qu'il a commis l'irréparable : un attentat terroriste. Au début de GEHENNE nous le retrouvons à l'ouverture de son procès. Blessé par l'explosion il a perdu l'usage de ses jambes et se déplace désormais en fauteuil roulant. Son acte a causé la mort de plusieurs enfants juifs. Alors qu'il se présente devant ses juges aucun regret, aucun remords dans son attitude ni dans ses paroles.

Nous le retrouvons ensuite dans un face à face avec un prêtre, (Shark CARRERA) un représentant de l'église catholique commis d'office. Un personnage à la parole libre qui essaie d'engager un dialogue avec le terroriste, de le confronter à sa culpabilité, de semer le doute dans ses certitudes. Un prêtre qui le provoque dans la parole et le geste, le poussant dans ses retranchements.

Un questionnement et une remise en cause qui sont aussi provoqués par la rencontre avec une jeune femme juive qui a perdu la raison (formidable Audrey DEVOS) qu'il croise à l'hôpital où il se rend pour ses soins. Avec son enfant poupée elle intrigue Ismaël dont le premier réflexe est de la rejeter du fait de sa religion avant de tomber sous son charme et de ne plus penser qu'à elle à longueur de journée. Un amour pour une juive qui va perturber le musulman qui a grandi dans la haine du juif.

Les nuits d'Ismaël sont agitées. Ses cauchemars résonnent des échos de l'attentat. Ses journées sont secouées par l'alternance des entretiens avec le prêtre catholique et la femme juive. Jusqu’à la révélation finale.

UN DEUXIÈME VOLET DÉCEVANT

Dans ce deuxième volet de son triptyque Ismaël SAIDI voulait montrer comment la haine de l'autre nourrit dès l'enfance peut conditionner le comportement. Dans DJIHAD Le spectacle il montrait avec réussite le parcours de trois jeunes de la banlieue de Bruxelles sur la toute du djihad : leur naïveté, leurs espoirs, leur crédulité, leurs désillusions. Si GEHENNE fourmille de références et d'idées fortes la mise en oeuvre n'est malheureusement pas aussi réussie par manque de rythme, et un texte qui manque de profondeur.

Ismaël SAIDI inscrit son travail dans une démarche résolument pédagogique. Jouée 19 fois sur la scène à Bruxelles et depuis le 19 avril à Paris c'est avant tout à un public de collégiens et de lycéens qu'il s'adresse. De fait l'écriture est très jeune, trop peut-être pour vraiment séduire un public adulte. Le personnage du prêtre est caricatural. On en comprend très tardivement le pourquoi. Le second personnage qui pourrait amener Ismaël à mener une réflexion sur ses actes est une jeune femme qui a perdu la raison. Confronté aux deux religions qu'il déteste Ismaël pourrait être amené à réfléchir sur les motivations de son acte. Mais là où DJIHAD nous menait vers une réflexion sur les rêves et désillusions des jeunes sur la route de la guerre en Syrie, GEHENNE peine à nous faire entrer dans l'esprit du terroriste.  "Je voulais écrite une pièce où il n'y a rien de sociétal, où tout n'est que religieux" dit l'auteur qui interprète également le rôle du terroriste. Malheureusement le poids du religieux n'est pas assez ou maladroitement démontré.

En bref : avec ce deuxième volet de la trilogie sur la radicalisation Ismaël SAIDI nous emmène dans l'esprit d'un terroriste et convoque les trois grandes religions. Un spectacle en demi-teinte qui a pour objectif de susciter le dialogue et le questionnement chez un public adolescent. En attendant le troisième volet.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
37 Rue du Faubourg du Temple 75010 Paris
Du 19/04/17 au, 03/06/17
du mercredi au samedi à 19h30


Retrouvez mon article sur DJIHAD le spectacle en cliquant ICI

Vu avril 2017 - Palais des Glaces Paris

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