lundi 16 janvier 2017

LA PEUR

UN SUSPENS A LA HITCHCOCK
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Dans toute son oeuvre Stefan ZWEIG décrit avec merveille les tourments intérieurs de ses personnages. Avec LA PEUR il nous plonge dans la psychologie d'une femme tourmentée par sa trahison envers son mari et la peur d'être découverte. Un succès public mérité pour cette prolongation au Théâtre Michel.

L'USURE DU COUPLE


Irène et Fritz sont mariés depuis 10 ans. Deux enfants, un bel appartement, une bonne : la réussite pour cette famille de la classe moyenne. Lui est très pris par son cabinet d'avocats qu'il a ouvert depuis un an. Elle s'occupe entre cours de piano et stylisme, mais ne tarde pas à s'ennuyer. Fritz n'a plus assez de temps à lui consacrer, ne la regarde plus, considère que les activités d'Irène ne sont que divertissement et futilité alors que lui s'occupe de dossiers sérieux. Alors elle succombe au charme de son professeur de piano qui lui sait se montrer attentionné.


Jusqu'au jour où la fiancée du musicien fait éruption dans la vie d'Irène. Elle demande à l'épouse infidèle d'en finir avec cette aventure et enchaîne rapidement sur du chantage. Irène met la main dans l'engrenage et ment chaque jour un peu plus à Fritz, effrayée par le risque qu'il n'apprenne un jour qu'elle l'a trahit.

UN SUSPENS A LA HITCHCOCK

Stefan ZWEIG était maître dans l'art de décrire les tourments de l'âme de ses personnages. Dans LA PEUR ce sont les angoisses d'une femme infidèle qui sont montrées. Comme dans un thriller nous assistons à sa descente dans un enfer personnel. Poursuivie par une femme elle s'enferme dans un cercle pervers dont elle ne sait plus sortir. Malgré sa volonté de mettre fin au chantage elle est incapable d'avouer la vérité à son mari.

Le personnage de la fiancée s'infiltre dans sa vie, dans sa conscience. Elle est troublante. Existe-t-elle vraiment ou n'est-elle qu'une hallucination, reflet de la culpabilité d'Irène. Cette dernière sombre dans la paranoïa confrontée à la double peur d'avouer la vérité à son mari ou que la vérité ne lui soit dévoilée par le maître-chanteur.

Ce soir-là c'est Elodie MENANT qui tenait le rôle d'Irène(qu'elle joue en alternance avec Hélène DEGY). La metteur en scène a su parfaitement transmettre tant dans sa scénographie que dans son interprétation l'enfermement psychique dans lequel s'inscrit Irène. La tension s'installe et comme dans un film d'Hitchcock le suspens monte jusqu'au coup de théâtre final.


Aliocha ITOVICH est un Fritz mature, attentif et préoccupé par l'état de sa femme. D'abord distant car préoccupé par la défense de ses clients et l'évolution de son cabinet, il reste à l'écoute de son épouse, fait des efforts pour se rapprocher d'elle, semble désarmé quand elle devient distante, puis est troublé par son attitude étrange.


Ophélie MARSAUD complète le trio. Elle joue à merveille l'intrigante et angoissante fiancée, manipulatrice et inquiétante figure traumatisant Irène.

En bref : Une très belle adaptation de la nouvelle de Stefan ZWEIG. Elodie MENANT monte et interprète avec brio un drame psychologique dans un huis clos intense. Le suspens est mené comme dans un film d'Hitchcock. Un très beau moment de théâtre

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Reprise  
38 Rue des Mathurins 75008 Paris

Prolongations jusqu'au 26 mars 2017
Jeudi, vendredi, dimanche à 19h - Samedi à 19h15


Vu le 13 janvier 2017 - Théâtre Michel Paris
Crédit photo @Olivier Brajon

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