dimanche 17 avril 2016

LE CRIME DE L'ORPHELINE

DU NOIR ET BLANC AU ROUGE SANG : DE SURPRISES EN FOU RIRE
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NE PAS SE FIER AUX APPARENCES

J'aime quand le théâtre me réserve de si bonnes surprises. En toute honnêteté si les Théâtres Parisiens Associés ne m'avaient pas proposé de les accompagner pour un livetweet du spectacle LE CRIME DE L'ORPHELINE je crois bien que je ne serai pas retournée avant longtemps dans ce très beau théâtre du Ranelagh lieu qui pour moi restera à jamais associé à GILDA et à Rita HAYWORTH.

Mais je m'égare. C'est une petite pépite que je découvrais ce soir-là. L'histoire est simple. C'est celle de Joséphine pauvre Causette adoptée par une mystérieuse dame un peu revêche. Joséphine, telle Colombine, aime Alfred, son Pierrot. Mais sa mère adoptive et protectrice la destine à Rodolphe, l'obséquieux, vaniteux et violent fiancé. Les éléments du drame sont en place. On sait comment ça va finir avant même d'avoir commencé. Cette histoire est cousue de fils blancs. Et bien non !

ENTRE TIM BURTON ET BUSTER KEATON

Dans le très étrange décor de Casilda DESAZARS, rappelant l'univers de Tim BURTON, la troisième dimension tente de perturber les codes. Le pianiste (Philippe BROCARD) installé en contrebas de la scène restitue l'ambiance des films muets. Du grand-guignol en noir et blanc, et une fleur pour une touche de couleur. Une fleur et de l'hémoglobine. N'oublions pas que nous sommes dans une parodie de grand-guignol. Pourtant, dans cette atmosphère où devrait régner le macabre et la tension, deux clowns mélomanes vont s'en donner à cœur joie. Mimes dans les scènes de récit il laisse éclater tout leur talent de chanteur dans des envolées lyriques.

La mise en scène orchestrée par Philippe LELIEVRE et Marcela MAKAROVA reprend avec une parfaite maîtrise les codes de ce cinéma d'avant le parlant. Les scènes de film sont criantes de vérité. Florence ANDRIEU et Flannan OBE restituent les mimiques et la gestuelle de ce cinéma qui faisait les délices de nos grands-parents (ou arrières-grands-parents). Ils passent avec aisance de cette ambiance à celle du cirque, notamment lors d'un entracte extrêmement réjouissant, ou celle de l'opéra comique. Ils sont la grande force de ce spectacle surprenant à ne surtout pas prendre au premier degré. Les deux comédiens (et l'Arlésienne Jeannette SALVADOR) prennent un grand plaisir à jouer cette bluette et ces gags simples, leur donnant une nouvelle jeunesse en enchaînant les scènes avec générosité et enthousiasme. Cette histoire d'orpheline n'est finalement que le prétexte à rendre hommage à l'art du mime, du cinéma muet, et du grand-guignol. Le tout constituant un ensemble surprenant, un peu hétéroclite, sur lequel se construit une magie indéfinissable, un moment qui fait du bien.


RETROUVEZ LES DÉLICES DU CINÉMA MUET

Alors laissez tomber vos préjugés. Ne vous arrêtez pas au pitch un peu sommaire et franchissez la porte du Théâtre du Ranelagh pour vous laisser surprendre par ce spectacle atypique, dans lequel rien ne se passe comme on l'imaginait. Vous en raconter plus serait vous en gâcher la saveur de la découverte.

Si le spectacle démarre dans l'esprit du grand-guignol il sort vite de ce cadre pour rendre un magnifique hommage au cinéma muet tout en y entremêlant une comédie musicale comme on n'est voit jamais. Chaque genre est maîtrisé et la qualité du travail artistique et humoristique se révèle à chaque instant et dans chaque élément, du jeu au décor, du texte aux costumes, des chants aux mimes, le tout vous réservant des grands éclats de rire.  

En bref : Un bel hommage aux cinéma de Méliès et de Buster Keaton, avec une pointe de Jean-Louis BARRAULT dans les Enfants du Paradis. Un de ces spectacles qui font du bien, qui font oublier pendant 1h20 les soucis du quotidien et la fatigue de la journée, et dont vous sortez la joie au cœur. Riche, drôle, énergique : une réussite

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
5 Rue des Vignes75016 PARIS

Du 1er avril (oui, c'est une farce) au 18 juin 2016
Du mardi au samedi à 20h30 - matinée le dimanche à 17h

Et pour vos réservations deux pistes : le site des Théâtres Parisiens Associés (et ses offres régulières) ou directement sur le site du Ranelagh.

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